Le nécessaire conflit sociocognitif dans l'apprentissage

Le conflit sociocognitif : Kesako ?

L’apprentissage : une confrontation de représentations

On pourrait résumer l’apprentissage en disant que c’est une confrontation de représentations, voire de points de vue.

Questionnements, mises en situation, erreurs, doutes, … mais également réussites et évolutions font partie de l’apprentissage.

Quand une nouvelle information se présente à l’apprenant, son cerveau la « classe » dans 2 catégories :

  • La première : « Cette information est compatible avec mes représentations personnelles, mes croyances, mes valeurs, mon expérience » et « c’est OK, elle peut venir enrichir mon système interne »
  • La deuxième : « Cette information vient chahuter mon système interne, mon socle identitaire, ma vision du monde, mes croyances et mes valeurs personnelles » et « Ce n’est pas OK, elle ne peut pas venir enrichir mon système interne, en l’état »

Dans ce 2ème cas de figure, je suis en dissonance et je subis une déstabilisation cognitive et affective. Mon équilibre interne est ébranlé, je suis en plein conflit socio-cognitif.

Passage du conflit sociocognitif (dissonance) à la consonance 

Le conflit sociocognitif est incontournable en formation.

C’est un moment qui peut être « douloureux » pour les apprenants et nécessite d’être accompagné par le formateur. Cependant, le conflit socio-cognitif est souvent le signe précurseur de belles évolutions et montées en compétences.

Le conflit se manifeste lorsque de nouvelles représentations suggérées par le formateur viennent « percuter » le système interne d’un apprenant.

Elles impactent son système interne et il n’arrive pas à faire cohabiter ces nouvelles représentations avec son baromètre personnel.

L’apprenant se trouve alors ébranlé dans ses certitudes, il se remet en question et est sorti de sa zone de confort. Il est en dissonance, c’est à dire déstabilisé tant cognitivement qu’affectivement.

Cet état inconfortable a un impact émotionnel important, pouvant générer frustration, sentiment de vulnérabilité et manque de ressources personnelles pour faire face à la situation.

Le stagiaire tente de s’adapter en faisant preuve de flexibilité mentale :

  • Soit, en rendant les nouveautés compatibles avec son système de représentation interne : c’est l’assimilation
  • Soit, en « transformant » son système interne pour le rendre compatible avec l’apport des nouveautés : c’est l’accommodation

Lorsque l’assimilation et l’accommodation s’équilibrent la capacité d’adaptation aux nouveautés est possible. Le stagiaire passe en consonance, il retrouve ses capacités d’action qui lui permettent de gagner en autonomie, de trouver du plaisir dans la réussite et de nourrir le cercle vertueux de l’autosatisfaction.

L’équilibre interne et externe est retrouvé et devient le nouveau prisme « référent ». L’apprentissage a été mené à bien et intégré.

Comment accompagner le conflit sociocognitif ?

Il est possible que la phase d’adaptation n’aboutisse pas et qu’il faille un certain temps pour l’atteindre.

Dans ce cas, la nouveauté est rejetée et conduit à un cercle vicieux avec le renforcement des émotions négatives & croyances limitantes.

Il apparaît clairement que le formateur doit soutenir l’apprentissage ainsi perturbé, afin de ne pas laisser s’installer le conflit sociocognitif et ses répercussions négatives sur la durée. Pour ce faire, rien ne sert de jouer « le chrono ». Il faut laisser le temps au temps. Le formateur va :

  • Rompre l’isolement de l’apprenant
  • Permettre à l’apprenant de conscientiser ses préférences et stratégies cognitives pour « apprendre à apprendre »
  • Susciter des questions, des réponses et/ou en apporter
  • Faciliter la prise de conscience des émotions et des besoins associés
  • Encourager et féliciter
  • Accompagner le processus d’autonomie
  • Valoriser la pédagogie par l’erreur et l’expérimentation

Les formations : une succession de conflits sociocognitifs

Les formations sont faites d’une succession de conflits socio-cognitifs. Il n’existe pas de règles en la matière : petits, importants, palpables ou non, pour tout ou partie seulement des apprenants, quel que soit le sujet et la complexité identifiés.

Le formateur ne doit pas craindre le conflit socio-cognitif, il est « nécessaire » et « normal » en formation. Il est par ailleurs souvent annonciateur de belles évolutions et montées en compétences.

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