La posture du formateur

« Se centrer sur l’apprenant, c’est être prêt à renoncer au travail de préparation réalisé si l’apprenant n’adhère pas ou ne comprend pas  ».

Que dire de la posture du formateur ?

Le formateur n’est pas le savoir

Dans le contexte de la formation, les apprenants adultes possèdent tous une expérience professionnelle et personnelle. Cette expérience est une véritable ressource dans l’apprentissage et ne doit pas être négligée par le formateur.

Ainsi, en tant que formateur nous ne sommes pas « le savoir », l’apprenant a lui-même accès au savoir. Ce savoir vient de son expérience et également de l’ensemble des éléments de contenus auxquels il a accès, favorisés par le développement des TIC.

Le triangle pédagogique

Le triangle pédagogique, appelé également triangle didactique, modélise les éléments fondamentaux en relation dans l’acte « d’enseigner ».

Il met en avant les trois grandes activités qui structurent le métier de formateur et que sont l’ingénierie, l’animation et l’accompagnement.

Il permet à travers une figure simple d’indiquer la complexité des paramètres à prendre en compte.

Triangle pédagogique

La figure du triangle permet de montrer qu’en pédagogie, la relation n’est pas bilatérale. Elle ne « se joue pas » à deux mais à trois. En effet l’apprenant à accès au savoir sans le formateur et le formateur n’est pas le savoir.

Le triangle pédagogique permet donc d’envisager la relation sous 3 angles :

  • Formateur – Apprenant : L’accompagnement, ou comment se positionne le formateur vis à vis des apprenants. On parle d’accompagnement pour le formateur car il n’est pas là pour dire comment faire mais plutôt pour accompagner afin que l’apprenant fasse lui-même. L’accompagnement passe par une nécessaire centration sur les apprenants.
  • Formateur – Savoirs : La didactique, ou quelle ingénierie met en place le formateur pour créer une situation d’apprentissage plutôt que de transmettre un contenu.
  • Apprenants – Savoirs : L’apprentissage, ou comment « mettre » en relation les savoirs et les apprenants. Dans son animation le formateur tiendra compte des caractéristiques des apprenants, de leur motivation, de leurs styles d’apprentissage, de la dynamique de groupe, …

En formation, il n’est pas rare qu’une des relations du triangle soit privilégiée. Par conséquent, elle met en arrière-plan un des trois sommets, déséquilibre le triangle didactique et conduit à des dérives.

Derive de l'animation en formation

La nécessaire centration sur l’apprenant

La posture du formateur est donc essentielle en formation.

Il est indispensable que le formateur se centre sur les apprenants en opposition à une centration sur le contenu. En effet, le formateur n’est pas là uniquement pour diffuser du contenu mais pour faire en sorte que les apprentissages se fassent dans de bonnes conditions. Pour cela, il est indispensable qu’il sache observer, écouter et faire s’exprimer ses apprenants. C’est à cette seule condition qu’il pourra tenir compte des attentes, de la motivation et des réactions de ses stagiaires pour s’adapter à eux et faciliter l’accès à l’information.

La centration sur l’apprenant n’est pas qu’une intention, elle doit se traduire concrètement dans la préparation de ses formations et dans ses animations.

C’est une posture qui ne se décrète pas et qui se travaille en permanence. Elle permet de sortir de la dérive trop fréquente de la « maîtrise du contenu » si sécurisante pour le formateur. Elle amène le formateur à sortir de sa zone de confort, à aller à la rencontre du cadre de référence de ses apprenants et à s’adapter pour faciliter l’apprentissage, le renforcement et la montée en compétences.

Elle implique de prendre en considération une double dimension : la logique du contenu et les logiques plurielles des apprenants eux-mêmes.

Cette posture nécessite une certaine fluidité pour s’ajuster à ce qui se joue dans un espace et un temps donné tout en requérant de la part du formateur, flexibilité et lucidité.

L’adaptabilité est de mise, il est non seulement nécessaire de solliciter la personne en formation, mais également d’en faire l’acteur et le centre du processus. Une telle démarche rompt avec l’image du formateur comme maître du savoir et de sa transmission.

La posture du formateur

La posture se réfère aux qualités, aux talents, aux dispositions que le professionnel met en œuvre dans sa pratique comme l’attention, l’écoute, le respect de l’autre, le souci de laisser sa liberté à l’autre. Elle traduit la vision pédagogique du professionnel de la formation en termes de valeurs, croyances ou intentions et modes d’actions ou pratiques.

Pour le formateur, cela présuppose de faire un travail sur lui-même et d’engager un certain nombre de « renoncements » ou « deuil » comme …

  • Exercer un pouvoir pour ou sur l’autre
  • Donner la solution qui le maintiendrait dans l’expertise
  • Prendre la décision à la place de l’autre pour nourrir son besoin d’efficacité 
  • Être « purement rationnel » : toutes les situations sont singulières
  • Être reconnu dans sa fonction, apprécié des participants

Afin de pouvoir privilégier une posture …

  • De « non-sachant » : pour privilégier la recherche mutuelle de sens
  • D’écoute et dialogue
  • Tierce, d’extériorité cognitive, pour accompagner les apprenants
  • Émancipatrice, laissant l’opportunité de grandir et visant l’autonomie

Cette posture implique également de trouver la juste distance nécessaire : assez proche pour créer l’alliance et la confiance. Suffisamment distanciée pour ne pas créer de confusion relationnelle, et permettre de maintenir une posture d’accompagnement hors affect.

Pour conclure

Former ne s’improvise pas.

Le métier de formateur s’organise autour de trois grandes activités : ingénierie, animation et accompagnement. Le triangle pédagogique met en avant ces activités.

Former c’est se centrer sur ses apprenants en opposition à la centration sur le contenu.

Pour adopter la bonne posture, le formateur doit réaliser un travail sur lui-même afin d’identifier ses zones de confort et ses zones d’effort. Ce travail lui permettra de trouver des stratégies personnelles, à déployer en conscience, afin de remédier à ses « travers ».

Il n’existe pas de formateur parfait. De fait, il est indispensable que le formateur mène constamment un travail réflexif sur lui-même afin d’évoluer au service de ses apprenants. L’analyse de pratique fait partie des « outils » qui permettront au formateur d’engager ce travail. Une veille permanente sur le métier et sur ses domaines d’intervention est également indispensable.

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